Hommage à Christiane Betschen (1935-2022), ancienne présidente de Patrimoine suisse, section vaudoise


1 février 2023

« Christiane Betschen-Piguet a quitté ce monde le 6 décembre 2022 après une existence pleinement vécue. » C’est ainsi que sa famille a si justement libellé le faire-part de décès.

Christiane a commencé sa vie professionnelle par une école de secrétariat, qui n’était pas vraiment son choix. Déterminée, elle entreprend en 1956 des études à l’Ecole d’Architecture de Genève, couronnées par le diplôme. En 1970, elle est engagée par un bureau privé d’architecture et de conseil à Lausanne, Bevilacqua, Urech et Zentner. Là, elle contribue notamment à la préparation d’un premier Plan de protection de Lavaux et travaille sur divers projets d’aménagement à La Côte. Elle entre ensuite à la Ville d’Yverdon en qualité de cheffe du Service d’urbanisme, aux côtés de feu André Rouyer, excellent membre de notre Comité.

Au temps des études, elle épouse Georges Betschen, ingénieur en génie civil, alors en poste à Zermatt pour Grande-Dixence SA, et qu’elle retrouvait le week-end (époque héroïque !). Son mari, qui collaborera par la suite avec divers bureaux d’ingénieurs, était un excellent violoncelliste et enseignait son art à la Vallée de Joux. Il décède hélas peu après que le couple eut déménagé de Begnins à La Vallée, leur projet de retraite. Ils auront deux filles et six petits-enfants, lesquels seront proches de Christiane toute sa vie. Quoi de plus naturel avec une érudite si joyeuse et démonstrative !

Quelques membres de notre Comité avaient fait sa connaissance avant qu’elle n’entre de plain-pied à la Société d’Art Public, devenue Patrimoine Suisse, section vaudoise. Dès son arrivée en 1997, elle est élue présidente et le restera jusqu’en 2006. Neuf années à travailler bénévolement à 100 % dans l’intérêt des sites et monuments vaudois, des plus modestes aux plus prestigieux. Rapidement, elle doit assumer l’héritage du domaine de La Doges à La Tour-de-Peilz, légué à l’association au décès d’André Coigny-de Palézieux. Il faut organiser l’expertise des bâtiments et l’inventaire du mobilier, assurer les premiers grands travaux d’assainissement et la réalisation d’un logement pour les intendants, structurer les finances et leur contrôle, entretenir les relations avec les locataires et le jardinier, et mille tâches qui demandent énergie personnelle et cohésion du Comité. Nous nous souvenons de ces séances où elle abordait les questions tranquillement, puis les cercles de sa pensée (et de sa stratégie, peut-être) se resserraient pour atteindre le centre de la cible et obtenir, sans forcer, l’assentiment des collègues. Christiane avait aussi le talent d’attirer de nouveaux membres.

Après avoir cédé la présidence à Denis de Techtermann, Christiane restera au Comité pour continuer d’aider l’association et participer aux différentes commissions. Outre son implication au sein de Patrimoine suisse, elle assure la présidence du conseil de la Fondation La Coudre – Société d’Art Public pendant plus de dix ans, jusqu’en 2017 ; elle initie le sauvetage – à partir de rien, mais avec l’aide de Pro Natura – de la ferme des Mollards-des-Aubert dont elle présidera la Fondation de 2004, date de sa création, jusqu’à 2014.  Elle intègre aussi le comité de l’Association Romande pour les Métiers du Patrimoine Bâti, association chargée de gérer un projet Interreg (transfrontalier) de perfectionnement dans les métiers traditionnels de la construction.

Nous devons à Christiane une immense reconnaissance pour le travail qu’elle a accompli. Mais cela ne s’arrête pas là : nous aimions Christiane pour sa joie de vivre, sa convivialité, son amitié. C’était une Dame exceptionnelle.

Olivier Rapin, anc. président de la section vaudoise de Patrimoine suisse (1991-1997), janvier 2023