Distinction

Distinction vaudoise de Patrimoine suisse 2024

Poursuivant son objectif de valorisation du patrimoine vaudois, la section vaudoise de Patrimoine suisse attribue, pour sa dixième édition, la Distinction à la restauration et transformation exemplaire du manège du château de Mathod, qui atteint simultanément les objectifs de conservation patrimoniale, d’efficacité énergétique et de grande qualité architecturale.

Photo Château de Mathod

Distinction

Créé en 2007, ce prix honorifique est décerné tous les deux ans et récompense les propriétaires, communes ou associations particulièrement méritants en termes de conservation et de valorisation du patrimoine vaudois. Neuf distinctions ont déjà été attribuées, notamment pour les restaurations du Château de l’Aile et de la Salle del Castillo à Vevey (2018), la Fondation du Bois de Chênes (2020) et le Chemin de fer-Musée Blonay–Chamby (2022).

En 2024, la Distinction revient avec plusieurs nouveautés : le lancement d’un appel à candidatures, la nomination d’une commission en charge des évaluations, l’introduction d’une thématique spécifique et le changement d’appellation en « Distinction vaudoise de Patrimoine suisse » afin de se démarquer d’autres prix vaudois.

Énergie et patrimoine

Le changement climatique représente l’un des défis majeurs de notre époque. À ce titre, la Stratégie énergétique 2050 de la Confédération a donné une impulsion bienvenue à l’assainissement du parc immobilier suisse. Cette transition énergétique nécessite toutefois de prendre en compte les aspects culturels, patrimoniaux et paysagers inhérents au milieu bâti pour trouver des solutions spécifiques, innovantes et durables, adaptées aux bâtiments d’intérêt patrimonial.

En mars 2022, Patrimoine suisse, section vaudoise, a organisé le Forum Énergie + Patrimoine, une démarche pionnière autour de cette thématique importante. Ce fut l’occasion de proposer une plateforme d’information entre professionnels et praticiens issus de différentes disciplines, en particulier du domaine public, du secteur privé et du monde académique. Cet événement a offert une vision globale des enjeux liés à la transition énergétique de l’environnement bâti et un panel de solutions pragmatiques et adaptées. Le forum a laissé aussi une large place au débat et à l’échange d’idées dans un domaine en constante évolution. C’est dans cette continuité que la Distinction 2024 récompense un projet conciliant de manière optimale les objectifs de protection du climat et de préservation du patrimoine.

Le lauréat

Le manège du château de Mathod a été construit vers 1772 par Gaspard Burmann, ancien écuyer à la cour de Louis XV. Ce grand bâtiment en maçonnerie, couvert d’un imposant toit à la Mansart, perd rapidement sa fonction première ; il est signalé en 1838 déjà comme n’étant « plus qu’un vaste réduit ». Cette désaffectation se poursuit au long du XXe siècle ; le manège échappe même de peu à la destruction, après deux incendies. Ses remarquables qualités constructives mènent à son classement comme Monument historique d’importance nationale en 1975.

Garantir sa conservation à long terme impliquait de lui trouver une fonction. Toutefois, la difficulté de reconvertir cet important volume aux percements rares sans le dénaturer constituait un défi. Le projet mené par la famille Hernan-Rivier et le bureau Dolci Architectes à Yverdon propose l’aménagement d’un appartement et de chambres d’hôtes exploitées dans le cadre familial.

Le Comité de la section vaudoise de Patrimoine suisse a particulièrement apprécié la pertinence, la finesse et la réversibilité de l’intervention, de même que la juste adéquation des moyens mis en œuvre. En optant pour une approche différenciée de la substance bâtie et une combinaison de stratégies constructives – boîtes dans la boîte, isolations classiques, espaces non isolés – le projet atteint simultanément les objectifs de conservation patrimoniale, d’efficacité énergétique et de grande qualité architecturale.

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Les nominés

Deux autres projets de qualité ont été nominés au 2e rang ex æquo : la transformation d’un chalet du XIXe siècle dans la vallée des Ormonts et la restauration des anciens ateliers de reliure Mayer & Soutter à Renens.

Construit par Jean-Marc Lamunière en 1964 et réévalué récemment en note 2, le bâtiment Mayer & Soutter a été restauré par le bureau d’architecture lausannois Projet-Co. Le comité a apprécié la rigueur et la capacité d’innovation caractérisant cette restauration délicate, dont le résultat est remarquable. Il salue une contribution concrète aux enjeux liés à la conservation et à l’assainissement énergétique des bâtiments du XXe siècle, problématique promise à un développement important.

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Datant de 1833, le chalet des Ormonts a été transformé par le bureau Studio Lausanne Architecture. Le projet consiste en un remaniement typologique important à l’intérieur, tout en conservant intacte l’enveloppe existante et, en particulier, ses percements. Le Comité a apprécié la franchise et la cohérence des choix architecturaux ayant guidé cette transformation d’un bâtiment recensé en note 4. Il s’agit d’un patrimoine modeste et peu protégé, mais constituant l’essentiel du corpus bâti des villages, bourgs et paysages ruraux traditionnels. À ce titre, le projet nominé mérite de faire exemple.

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→ La Distinction sera remise le samedi 1er juin, à Mathod, en présence de la conseillère d’État en charge du patrimoine, Mme Isabelle Moret.

Télécharger le Rapport de la commission.

Photographies HD (presse): à demander auprès de beatrice.lovis@patrimoinesuisse-vd.ch


Distinction vaudoise du patrimoine 2022

Le Chemin de fer – Musée Blonay – Chamby est distingué par Patrimoine suisse, section vaudoise

Après avoir honoré les restaurations du Château de l’Aile et de la Salle del Castillo à Vevey en 2018 et la Fondation du Bois de Chênes en 2020, la section vaudoise de Patrimoine suisse a choisi de récompenser Chemin de fer – Musée Blonay – Chamby. Ce musée unique en son genre en Suisse contribue depuis plus de 50 ans à la sauvegarde d’un matériel ferroviaire destiné à disparaître, qui présente un intérêt historique et technique indéniable. Il a assuré l’entretien et la restauration très minutieuse de nombreux véhicules. Enfin, l’exploitation touristique de la ligne Blonay – Chamby a permis de conserver de nombreux savoir-faire, grâce à la passion de plusieurs générations de bénévoles. Autant de raisons qui ont convaincu la section à attribuer au Chemin de fer – Musée Blonay – Chamby la Distinction vaudoise du patrimoine 2022.

Locomotive SEG 105 sur le Viaduc de la Baye de Clarens, octobre 2020. Photo Alain Candellero

Historique

Devenu aujourd’hui un élément constitutif du paysage helvétique, le chemin de fer a connu une grande expansion sur sol suisse dans la seconde moitié du XIXe siècle, dopé par la révolution industrielle et le développement du tourisme. Dans le canton de Vaud, de nombreux projets se sont succédé pour relier la Riviera vaudoise aux régions de la Gruyère et de l’Oberland bernois. Parmi eux, deux projets sont déposés fin 1899 ; il s’agit des liaisons Vevey – Blonay – Chamby et Vevey – Châtel-St-Denis. Le 1er octobre 1902, la ligne Vevey – Chamby est inaugurée, suivi en 1904 de la ligne St-Légier – Châtel-St-Denis, puis de la ligne à crémaillère Blonay – Les Pléiades en 1911.

Dans les années 1960, en raison d’une fréquentation modeste, deux conditions sont imposées par la Confédération lors des pourparlers visant au renouvellement de la concession des Chemins de fer électriques veveysans : la cessation du trafic ferroviaire entre Blonay et Chamby sans service de substitution, ainsi que celle entre St-Légier et Châtel-St-Denis avec un remplacement par un service de bus. Le 22 mai 1966 la ligne Blonay – Chamby est fermée au trafic après plus de soixante ans d’activité.

Les débuts d’une aventure

Les prémices du chemin de fer touristique Blonay – Chamby coïncident avec l’annonce de la suppression inéluctable du service régulier sur ce même tronçon. Des passionnés du rail se retrouvent le long du parcours pour photographier une dernière fois le train de Chamby. Une idée germe alors : ne pourrait-on pas la préserver et y faire circuler un train touristique à l’exemple de ce qu’il se fait en Angleterre ? La ligne possède de nombreux atouts. Long de trois kilomètres, le tronçon comporte en effet toutes les caractéristiques d’une vraie ligne de montagne avec une forte rampe, un viaduc, un tunnel, un passage en corniche et une vue remarquable sur le lac Léman et les Alpes. La région est très touristique et bien équipée en moyens de transport, garantissant des visiteurs potentiels. La proximité des centres urbains de Vevey, Montreux et Lausanne devrait permettre de trouver suffisamment de bénévoles pour assurer le succès de l’entreprise.

Une assemblée constitutive se tient en décembre 1966 et les 82 personnes présentes fondent la Société pour la création du chemin de fer touristique Blonay – Chamby. Après l’obtention des autorisations cantonales et fédérales, l’inauguration a lieu le 20 juillet 1968. Le succès dépasse toutes les prévisions : 2900 personnes sont transportées le premier weekend. Le bilan de la première saison s’élève à 20’000 voyageurs.

Une collection unique en Suisse

Les pionniers qui se sont rassemblés autour de la création d’un musée vivant du chemin de fer ont bénéficié de circonstances uniques. Bon nombre de compagnies ferroviaires étaient alors supprimées au profit d’un service routier ou devaient procéder au renouvellement de leur flotte qui remontait pour la plupart à leur création. Le tout jeune musée s’est positionné comme ultime issue avant le passage chez le ferrailleur. C’est ainsi que de nombreux véhicules ont pu rapidement enrichir la collection. Dès 1973, différents bâtiments nécessaires au garage, aux travaux d’entretien et de restauration ainsi qu’à l’accueil des visiteurs sont construits sur le site de Chaulin.

Le dépôt-musée abrite la majeure partie de la collection composée de 77 véhicules ferroviaires. Cet ensemble est reconnu comme l’une des collections les plus complètes et représentatives en Europe. Elle couvre huit décennies, la plus ancienne pièce datant de 1868 – la voiture du Lausanne Echallens – et la plus récente de 1947 – le tram 28 de Lausanne. La collection comporte ainsi 46 véhicules romands, dont 20 vaudois. Les autres véhicules proviennent de la Suisse alémanique (22) et de l’étranger (9). Une soixantaine sont actuellement en fonction, 3 en révision et 14 sont des pièces d’exposition.

Depuis 1968, plusieurs générations de volontaires se sont investis pour faire vivre le musée. L’association, composée aujourd’hui d’environ 120 bénévoles actifs, assure les travaux d’entretien et de restauration et met en service des trains historiques chaque weekend, de mai à octobre.

→ La Distinction sera remise au Chemin de fer – Musée Blonay – Chamby le samedi 21 mai 2022 en présence notamment de la présidente du Conseil d’Etat vaudois, Mme Nuria Gorrite, du Conseiller national, M. Laurent Wehrli, de Mme Laura Ferilli, municipale de la commune Blonay-St-Légier, du président de la faîtière de Patrimoine suisse, M. Martin Killias et de la présidente de la section vaudoise de Patrimoine suisse, Béatrice Lovis.

La Tour-de-Peilz, le 15 mars 2022

Informations supplémentaires :
www.blonay-chamby.ch

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Distinction vaudoise du patrimoine 2020

Après avoir honoré en 2018 les restaurations du Château de l’Aile et de la Salle del Castillo à Vevey, la section vaudoise de Patrimoine suisse a choisi de décerner la Distinction vaudoise du patrimoine 2020 à la Fondation du Bois de Chênes pour la restauration exemplaire de la Ferme-Château et la réhabilitation de l’ensemble du domaine dont elle a la responsabilité. Dirigés par le bureau Glatz-Delachaux entre 2016 et 2019, les travaux ont sollicité le savoir-faire d’un grand nombre d’artisans et d’experts de la région, spécialistes à la fois du patrimoine naturel et architectural.

Historique
Construite à la fin du XVIIe siècle par Etienne Quisard, seigneur de Givrins et nouvel acquéreur de la seigneurie de Genolier, la Ferme-Château du Bois de Chênes a connu plusieurs propriétaires issus de la noblesse jusqu’à l’achat par la Commune en 1919. Le site et l’extérieur des bâtiments sont classés en 1961 tandis que l’ensemble bâti est recensé en note 2 (d’importance régionale). Le classement « monument historique » du site dans sa globalité est validé en 2016.

État de conservation du bâtiment avant travaux
Progressivement abandonné par les seigneurs après la construction au milieu du XVIIIe siècle du nouveau château de Coinsins, situé à quelques kilomètres de là, l’ensemble bâti du Bois de Chênes ne devient plus qu’une grande ferme. Son exploitation perdure jusqu’au début des années 1960, avec bétail et cultures, sans entretien ni modifications majeures, échappant ainsi aux modernisations des techniques agricoles. La volonté des autorités locales, devenues propriétaires du domaine et des forêts alentours, de céder le site à l’armée pour y édifier une place de tir génère une telle levée de boucliers de la population que les autorités cantonales prennent le parti de le classer en 1961, protégeant avant tout la forêt, les espaces naturels et la biodiversité. Dès cette date, les bâtiments ne sont quasiment plus entretenus à l’exception des toitures. Cet entretien minimal a permis de limiter les dégradations. L’absence d’intervention majeure a conféré aux bâtiments leur caractère exceptionnel. En effet, très peu de bâtiments subsistent dans la région dans un état d’origine aussi complet.

Ferme-château du Bois de Chênes après restauration. Photo Luca Delachaux 2019

Programme de réhabilitation
Créée en 2014 afin d’assurer à long terme la sauvegarde de ce patrimoine naturel et bâti d’exception, la Fondation du Bois de Chênes a choisi de procéder à une restauration importante mais douce, respectueuse de la substance historique, de la typologie des espaces, de ses matériaux, aménagements et décors. Les bâtiments restaurés comprennent l’ancienne habitation seigneuriale, où se trouvent aujourd’hui des espaces de conférences et d’accueil ainsi que deux logements de fonction ; la grange, dont le grand volume permet d’accueillir des manifestations, des expositions ; les annexes et le fournil. Le four à pain d’origine sert désormais à des activités pédagogiques et de démonstration.
A été conservé tout ce qui pouvait l’être : enduits, décors, pierre, menuiseries, parquets, planchers, charpente, etc. Les matériaux trop dégradés ont été remplacés par des matériaux analogues, d’origine locale. D’autre part, une réponse adaptée aux plus hautes exigences en matière d’énergie a été donnée : mise en place d’isolants compatibles avec les matériaux historiques, production de chaleur avec des plaquettes forestières issues des forêts voisines, production d’eau chaude par panneaux solaires thermiques disposés sur une annexe, production d’électricité pour le site par panneaux photovoltaïques disposés sur le bassin d’eau épurée. Enfin, une attention particulière a été donnée à la préservation de la biodiversité qui a colonisé progressivement le bâti, et un système d’épuration des eaux original – par lombrification – a été mis en place.

Cette réhabilitation est pour Patrimoine suisse, section vaudoise, un exemple qui illustre parfaitement que patrimoine bâti, biodiversité et normes énergétiques peuvent se conjuguer de manière harmonieuse et il est à souhaiter que ce type de restauration suscite à l’avenir de nombreux émules. D’autre part, la qualité de cette restauration vient d’être reconnue par un prestigieux prix international, décerné par Europa Nostra.

→ La Distinction sera remise au maître de l’ouvrage le samedi 5 septembre à la suite de l’Assemblée générale de Patrimoine suisse, section vaudoise.

→ Télécharger le communiqué de presse du 8 mai 2020 et l’article paru dans la revue Heimatschutz (2020/2).

Informations supplémentaires :
Journal A Suivre, avril 2020
https://glatz-delachaux.ch
http://boisdechenes.ch
http://www.europeanheritageawards.eu/winner_year/2020

Galerie d’images: avant et après les travaux (photographe Luca Delachaux)

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Distinction vaudoise du patrimoine 2018

Le Comité de la section vaudoise de Patrimoine suisse a choisi de décerner la Distinction vaudoise du patrimoine 2018 aux restaurations exemplaires du Château de l’Aile et de la Salle del Castillo à Vevey. Dirigés respectivement par les bureaux AGN et architecum, les travaux ont sollicité le savoir-faire d’un grand nombre d’artisans de la région, issus de divers corps de métier. La Distinction sera remise aux maîtres d’ouvrage le samedi 21 avril à la suite de l’Assemblée générale.

Dans le cadre de la manifestation du « Clou rouge 2018 », les deux édifices seront ouverts au public de 12h30 à 17h30 (→ lien vers l’horaire des visites).

Communiqué de presse du 17 avril 2018:  « Château de l’Aile et Salle del Castillo à Vevey: Distinction vaudoise du patrimoine 2018 et portes ouvertes à l’occasion du Clou rouge ».

Le Château de l’Aile

De style néo-gothique, le château a été construit entre 1840 et 1846 sur les fondations d’un château du XVIIe siècle, lui-même établi sur les anciennes halles de la ville qui lui ont donné son nom. La propriété appartenait depuis la fin du XVIIe à la famille Couvreu. L’un de ses membres, Jacques-Edouard Couvreu (1803-1873), un banquier formé à Heidelberg et à Paris, découvre avec enthousiasme l’architecture gothique et néo-gothique anglaise lors d’un voyage en Angleterre entrepris en 1827. Rapidement, Couvreu projette de rénover l’ancienne bâtisse de l’Aile héritée de son grand-père. Le projet ne débute cependant qu’une douzaine d’années plus tard. Plusieurs architectes participent au chantier : outre le Veveysan Philippe Franel, on peut citer le Lausannois Henri Perregaux et le Genevois Jacques-Louis Brocher. De cette époque datent les façades en molasse richement sculptées ainsi que la décoration intérieure.

Le bâtiment, inscrit comme bien culturel d’importance nationale, est racheté par la Ville de Vevey en 1988 dans le but de le transformer en complexe hôtelier. Le projet ne se réalise pas, faute d’investissements. En 2007, le bâtiment est vendu à l’industriel et homme d’affaires Bernd Grohe, son propriétaire actuel. Celui-ci lance alors d’importants travaux de restauration qui dureront plus de huit ans (2009-2017). Les travaux, placés sous la responsabilité de Frédéric Gumy, ont été dirigés par les architectes Christophe Amsler et Marie Gétaz, du bureau AGN.

Château de l’Aile de Vevey après restauration. Photo François Bertin

Le fort de la restauration a porté sur l’enveloppe du château qui avait atteint un état de délabrement tel qu’il rendait l’approche de ses façades dangereuse. Leur réhabilitation ainsi que celle des toitures ont demandé aux ouvriers des prouesses artisanales. L’intérieur du château, intact dans son authenticité matérielle, a été scrupuleusement conservé : lambris de bois feint, plancher de marqueterie, plafond de stuc ou de papier plissé. Le souci de conservation a été poussé jusqu’aux installations techniques originelles du château, tel le chauffage à air chaud qui a été remis en fonction. Pour autant, ce respect de la substance historique et technique n’a pas empêché au confort actuel de faire son apparition : des cuisines performantes et de nouvelles salles d’eau ont été installées dans les étages. Ces apports contemporains ont été limités aux espaces qui, historiquement, étaient déjà occupés par de telles fonctions, de sorte qu’en aucun endroit du château le mode de vie contemporain ne dérègle la distribution originelle des pièces.

Aujourd’hui, le Château de l’Aile brille à nouveau de toute sa magnificence grâce au savoir-faire de l’ensemble des intervenants qui ont œuvré sur ce chantier d’exception, ainsi qu’à l’investissement sans faille de son propriétaire, qui a assumé seul l’ensemble des frais des travaux et a investi sans compter dans les sondages et les recherches historiques pour que les conditions de restauration soient idéales.

Liste des entreprises et artisans qui ont œuvré au chantier de restauration (document pdf).

Galerie d’images: avant, pendant, après les travaux (photographe François Bertin et Remy Gindroz)

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La Salle del Castillo

Construite par l’architecte veveysan Charles Coigny dans le style beaux-arts, la Salle del Castillo doit son nom au comte Andrés del Castillo qui, en 1904, lègue à la Commune de Vevey un don pour la construction d’une salle de concert, projetée au nord du Château de l’Aile. Achevée en 1908, la salle connaît dès ses débuts un usage polyvalent qui se reflète dans son appellation de « Casino du Rivage ». On entrait par la place du Marché dans le vestibule-foyer qui débouchait sur la grande salle. Munie de grandes baies vitrées au nord, la salle était ornée d’importants décors en staff et de peintures allégoriques – aujourd’hui disparues – de l’artiste fribourgeois Marcel Chollet. L’édifice se terminait à l’ouest par un restaurant et une terrasse orientée sur le Jardin du Rivage. Lors d’importantes transformations réalisées entre 1949 et 1956, la toiture élancée surmontant l’entrée est remplacée par un fronton triangulaire, la marquise d’origine est substituée et les façades sont épurées. Le restaurant est démoli et remplacé par un nouveau bâtiment qui devient l’entrée principale et abrite également des salles de société.

La Salle del Castillo après travaux, Vevey. Photo Alexander Gempeler

En 2009, la Ville de Vevey lance un concours d’architecture pour repenser le futur de l’édifice devenu vétuste. Le cahier des charges prévoyait son assainissement complet, ainsi que la démolition du restaurant-foyer et des salles de société datant des années 1950. Lauréat du concours, le bureau architecum mené par Marion Zahnd et Daniel Furrer propose de placer deux salles de société au-dessus du vestibule et la troisième en sous-sol. Une nouvelle toiture, qui interprète de manière contemporaine la toiture d’origine, surmonte désormais le vestibule auquel on a redonné sa fonction d’entrée principale. Le projet de rénovation a aussi repensé intégralement la scénographie de la grande salle (tribune télescopique, scène modulable). Malgré leur état de délabrement, la majeure partie des décors en staff a pu être consolidée et conservée.

Les éléments anciens et contemporains forment désormais un ensemble particulièrement harmonieux. Grâce à ces travaux menés avec beaucoup d’intelligence, la Salle del Castillo, recensée en note 2 (d’importance régionale), a retrouvé aujourd’hui son lustre de la Belle Epoque.

Liste des entreprises et artisans qui ont œuvré au chantier de restauration (document pdf).

Galerie d’images: avant, pendant, après les travaux (photos architecum, Thomas Telley, Alexander Gempeler)

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Liste des Distinctions

2016 – Les Archives de la construction moderne de l’EPFL (Acm)

Créées en 1988, les Acm sont une unité de l’Institut d’architecture à l’EPFL. Leur but est la collecte, la conservation et la mise en valeur du patrimoine constitué par les fonds d’archives des bureaux d’architectes, d’ingénieurs et ceux d’entreprises du secteur de la construction. De tels documents sont essentiels à la lecture, à l’analyse et à la compréhension de l’histoire de l’environnement construit et fondamentaux pour la recherche scientifique, la valorisation et la sauvegarde du patrimoine bâti.
→ Plus d’informations dans A Suivre n° 68 et A Suivre n° 64.

2014 – Le Guide architectural et paysager de Lavaux

Le Guide architectural et paysager (2012) est un outil très important pour tous les acteurs concernés par la conservation du site de Lavaux dans un environnement vivant mais respectueux du patrimoine.
Télécharger la version 2016 (« Région de Lavaux – Vers une identité paysagère et architecturale concertée »)

2012 – Le Château de la Roche à Ollon

Proche de la destruction dans les années 1980, le Château de la Roche (XIIIe siècle) a été retenu pour sa restauration exemplaire, qui s’est faite avec des moyens limités grâce à une équipe passionnée et en grande partie bénévole.

2010 – Le bateau « La Suisse » et l’ensemble de la flotte « Belle Époque »

Dans le cadre de son centième anniversaire, la section vaudoise a voulu honorer la CGN et l’Association des Amis des bateaux à vapeur du Léman pour la restauration du bateau amiral « La Suisse » (1910) et la conservation de l’ensemble de la flotte « Belle Époque ».

2008 – La Salle de spectacles de Renens

La salle de spectacle de Renens (1955), qui se distingue par sa qualité architecturale, a fait l’objet une très belle restauration en 1998. La remise de ce prix s’insère dans le cadre de la campagne de Patrimoine suisse, l’Envol, qui a pour objectif de mettre en valeur l’architecture, trop méconnue encore, des années 1950.

2007 – Les décors peints de l’église de Daillens

La Société d’Art Public a décidé de soutenir «l’Association pour la rénovation du choeur de l’église de Daillens» pour son action en faveur des fresques de l’église du XIVe siècle qui étaient menacées de destruction.